BLACK BIG BEAT 18″
Big and really ready to beat !
Avec cette série qui vient enrichir la gamme du fabricant suisse, les concepteurs Paiste ont eu la bonne idée de combiner la clarté et la puissance des 2002 avec la douceur des Giant Beat. Et ça fait mal !…
Ces dernières années, Paiste a renouvelé son approche à maintes reprises. En commençant par rééditer ses plus beaux modèles, les Giant Beat dans leur formule originelle puis les Formula 602, améliorées par Vinnie Colaiuta. Le fabricant n’a pas oublié d’élargir sa mythique production des 2002 traditionnelles, tout en enrichissant son approche globale avec les Twenty, issues d’un alliage turc, puis avec les Masters, inspirées de grands batteurs endorsés… Les débutants n’ont pas été oubliés, avec des PST7 que l’on avait jugées excellentes lors de notre banc d’essai. Bref, dans le genre renouveau et innovation, on n’a pas eu à se plaindre. Mais apparemment, les concepteurs n’avaient pas dit leur dernier mot ! Lorsque nous avons reçu ces nouvelles 2002 Black Big Beat, il n’a pas été difficile de comprendre quelle avait été la démarche de ces perpétuels chercheurs, dont l’inspiration n’est parfois pas si complexe à analyser. En l’occurrence, il fallait tout de même y penser ! Réunir le son légendaire des 2002 (1971), dont beaucoup de batteurs actuels comme Patrick Carney (Black Keys) se régalent quotidiennement, avec celui des mythiques Giant Beat (1967), qui avaient notamment la faveur de John Bonham himself ! Ajoutez-y un peu de finesse dans l’épaisseur, un martelage assez prononcé et des diamètres à la mode depuis quelque temps déjà, et vous avez une recette idéale pour faire saliver les drummers de tous styles. Nous allons donc passer les Big Beat en revue, car Gewa France, l’importateur dynamique de ces galettes, nous a envoyé pratiquement toute la série. De quoi se régaler, croyez-en un amateur enthousiaste !
Une belle combinaison
Côté alliage, on est donc dans un « 2002 bronze », avec exactement les mêmes composants (CuSn8, soit un B8 d’excellente qualité) que les 2002 traditionnelles ou les Giant Beat. La matière des Black Big Beat donne donc une couleur similaire, que l’on sait précise et très définie sous la baguette, d’autres paramètres venant finaliser le “dress code” habillant ces cymbales très actuelles, qui s’inscrivent dans un parfait héritage des reines du rock n’roll des seventies. Leur apparence semi-mate leur donne déjà un caractère plus moderne et le logo noir leur confère une certaine élégance, empruntée aux Giant Beat. C’est globalement moins “violent” que les 2002, dont le rouge affichait une certaine agressivité. Le martelage, enfin, les rapproche des Masters sur le plan visuel, et nous allons voir plus bas que ces coups de marteau apportent à chacun des diamètres un caractère mellow et plus chaud, l’épaisseur assez fine aidant quant à elle à laisser s’épanouir ce beau mélange.
Larges et pas trop épaisses
Le deuxième trait de caractère de cette série sera apprécié des batteurs de tous styles, du moment que l’on aime les diamètres généreux. En effet, les Big Beat portent bien leur nom, avec une déclinaison attrayante des Crashes Rides en 18’’, 19’’, 20’’, 21’’, 22’’ et 24’’, et des Hi Hats en 15’’ et 16’’ ! Des dimensions, cela dit en passant, dont nous vantons les mérites depuis quelques années déjà, et que Paiste a eu la bonne idée de développer au sein de cette belle série. On est donc dans une catégorie de cymbales puissantes et crashables à la fois, très équilibrées mais pas formatées pour autant, comme nous allons le voir en détail.
Des Rides qui « explosent » et des Crashes qui « ride(nt) »
Plus encore que les Giant Beat et a fortiori que les 2002 « rouges », les 2002 Black ont cette particularité de convenir aux batteurs qui aiment varier les plaisirs avec la même galette. Quel bonheur, en effet, de pouvoir faire exploser une Ride en frappant la tranche et de retrouver de quoi mener l’orchestre dans la foulée, avec un son précis et moelleux sous l’olive ! Les Masters possèdent également cette vertu, mais avec un caractère beaucoup plus jazzy, plus doux, et globalement plus de complexité. Ces nouvelles 2002 déclinées de pouce en pouce (sauf pour la 23’’ qui n’existe pas) pourraient également convenir pour du jazz, pourquoi pas (Billy Higgins aurait adoré et Al Foster doit les lorgner de près !), sachant qu’elles diffusent plus de précision et de clarté que de fréquences complexes, et surtout une puissance naturelle qui limitera leur utilisation avec une contrebasse par exemple, ou un piano acoustique, sauf à se montrer particulièrement fin. De même, les Hi Hats 15’’ ou les 16’’ sont tellement agréables à jouer sur la tranche (mais plus difficiles à faire sonner pour un beau « tchick » au pied), qu’il serait dommage de se priver de cette plénitude naturelle pour de la pop ou du rock bien gras.
Une série « pleine » à tous points de vue
On commence en outre ce banc d’essai par les 16’’, un concentré de générosité et de largeur, avec un stick et une ouverture qui ne manquent pas de précision. En effet, on n’est pas du tout dans un « wash » diffus, ce modèle réunissant avec brio le gras nécessaire à ce type de diamètre avec la clarté du top et du bottom en plus. Les deux galettes associées forment une paire superbe, en position fermée ou semi-ouverte, avec l’assurance de « driver » sans avoir à forcer, dans un beau volume et une jolie tonalité. La 18’’ fait preuve elle aussi d’une très jolie note dans le Ride et d’une explosion magnifique. Comme pour toutes ces cymbales, la cloche est bien reliée au reste du corps, avec un côté très cristallin qui rappelle l’origine des 2002. Le Crash reste assez chaud grâce au martelage, et sa voisine la 19’’ enrichit le set d’un peu plus de fréquences médiums graves, avec les mêmes caractéristiques lors de l’explosion très volubile et encore un peu plus de halo dans le Ride. Située entre les deux dans mon set lors de l’essai, la 20’’ concrétise un lien idéal, très mellow et souple, sans s’emballer pour autant sous l’olive. Le ping sort très clairement d’un halo médium grave dont la longueur aide bien dans le Ride (pour des noires ou des croches épanouies), et si l’on veut un drumming “à la Ringo”, on passe sur la tranche avec beaucoup de plaisir auditif. On continue avec les Hats 15’’ qui, après les 16’’, sonnent bien entendu un peu plus aiguës, mais une fois fermées, délivrent assez de gras et de plénitude pour bien s’amuser. En gros, on n’a pas le côté « Light » habituel de ces grands diamètres, et ces 15’’ se comportent avec beaucoup de tenue, et juste assez de Crash pour apprécier le jeu en semi-ouverture : selon la frappe (sur le dessus ou franchement sur la tranche), on peut obtenir de nombreuses variétés de sons. Comme pour les 16’’, la fermeture seule au pied ne permet pas d’obtenir un « tchick » net et court, mais c’est justement le but : avoir sous la baguette et sous le pied de quoi laisser le top et le bottom s’embrasser pour des patterns plutôt charnus que chirurgicaux, sachant que la fermeture juste après un coup à la baguette se montre en revanche très nette, comme un beau « choke » ! Nous terminons ce test avec les Ride 21’’ et 24’’. Même si la 22’’ nous a manqué, le potentiel de ces deux Crash Rides nous montre que l’objectif de Paiste a été atteint à 100%. Certes, les amateurs de Crashs qui partent à toutes les nuances regretteront une toute petite dureté sur la tranche, mais c’est justement cette « tenue » du métal qui permet aux Black Big Beat d’encaisser les coups d’olive forts et répétés sans broncher, tout en pouvant exploser franchement en suivant le geste déterminé du batteur. Dans tous les cas, le Ride reprend immédiatement le contrôle et les graves augmentent avec le nombre de pouces. Quant au jeu sur la cloche, il fait pleinement vibrer le reste du corps, avec un résultat carrément chouette pour nos oreilles. La voix de la 24’’ s’inscrit dans un beau registre qui allie, encore plus que toutes les autres, chaleur, définition et puissance. Pas de doute, si les Big Beat avaient existé, Bonham aurait pris un set en 16’’, 24’’, 21’’ et 19’’ !
Pour toutes ces cymbales, quel que soit le diamètre, le Crash en nuance piano ou médium fonctionne bien, mais elles donnent néanmoins tout leur potentiel lorsqu’elles sont frappées avec un geste généreux. On obtient alors toute la plénitude pour laquelle elles ont été conçues. Pour le Ride ou le jeu sur la cloche, la finesse peut se faire ressentir dès les coups les plus doux, mais là encore, on sent qu’elles sont faites pour encaisser et ne pas s’emballer, sans se montrer arides et raides pour autant, très loin de là. On a donc un parfait compromis entre la cymbale turque, parfois trop molle ou complexe, et la 2002, cristalline mais un peu froide. Cette nouvelle série 2002 se montre donc idéale pour tous types de baguettes ou de frappes, et de nombreux styles de musiques où les diamètres larges sont appréciés. Vous avez dit “actuelles et polyvalentes” à la fois ? Oui, tout à fait !
BLACK BIG BEAT 18″
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